Climax 2024
La Fépapp est heureuse de mettre à votre disposition des extraits vidéos de la conférence du Climax 2024 à Bordeaux, donnée par Danis Bois, fondateur de la Somato-Psychopédagogie dans le présent article.
La conférence avait pour thème « Le Climat intérieur de paix » avec deux questions centrales : que représente la Vie pour chacun ? Et le climat intérieur de paix est-il capable de nourrir la paix dans le monde ?«
Pour découvrir les extraits vidéos, cliquez sur le lien suivant : Conférence de Danis Bois.
Article sur la conférence de Danis Bois
sur le thème du Climat intérieur de Paix
La 10ème édition du festival Climax, co-organisé par Nathalie Bois-Huygues (page facebook Climax festival), s’est tenue dans l’Écosystème Darwin de Bordeaux du 11 au 15 septembre 2024, sur le thème : « Pour un climat de Paix ». Dans ce contexte, le professeur Danis Bois, psychopédagogue et chercheur reconnu internationalement a été interviewé le 15 septembre par la journaliste et anthropologue Sahba Rahmani sur son concept du « climat intérieur » de paix développé dans le cadre de ses travaux sur la méditation pleine présence.
Danis Bois souligne que la paix intérieure n’est pas un état figé, mais un climat dynamique qui peut être cultivé à travers la pratique de la méditation pleine présence et autres pratiques du Sensible. Il distingue ainsi l’importance de la nuance entre le climat intérieur de paix et la paix intérieure plus passive et statique :
« Le « climat de paix intérieure » suppose que la paix procède du mental, de l’esprit, tandis que « climat intérieur de paix » suppose que la paix soit ressentie dans le corps, qu’elle concerne le corps, parce que le corps va devenir sensible, et on ressent le climat de paix à l’intérieur de son corps ». Puis il ajoute « si vous êtes dans un état de sérénité, de tranquillité, toute la biologie du corps va venir nourrir le corps, et la paix se ressent dans le corps. Et donc c’est pour marquer l’accent sur l’importance du corps. La paix est dans le mental, c’est-à-dire que l’on se sent tranquille, on se sent calme, on se sent solide, on se sent stable… Ce sont des qualités de l’esprit. Mais quand on entre dans les qualités du corps et du cœur, on ressent un état de bien-être, un état de bienveillance, un état de chaleur. On se sent vivant à l’intérieur de soi. C’est pour ça que j’ai choisi le terme « climat intérieur de paix ».
Pour Danis Bois le climat intérieur de paix n’est pas uniquement tourné vers soi mais il a également une dimension relationnelle et existentielle :
« Le thème de la paix est vaste, très vaste. Parce qu’on peut aborder la paix sous l’angle de faire la paix dans le monde. Mais on peut faire un petit pas de côté et plutôt voir la paix comme par exemple essayer de faire la paix avec autrui. Quand je dis autrui ce n’est pas quelque chose de loin, c’est avec ses enfants avec lesquels on ne parle plus depuis trop longtemps, avec ses proches, avec ses voisins, avec ses collègues au travail… Et donc cette notion de faire la paix avec autrui c’est aussi important.
Et puis il y a une autre notion qui n’est pas mince, c’est faire la paix avec soi-même. Faire la paix avec soi-même c’est un défi, un défi invraisemblable. On n’est pas très gentil avec soi-même. Je trouve que d’une manière générale on manque de bienveillance avec soi-même. On est beaucoup plus critique envers soi-même qu’on ne peut l’être avec les autres. Donc naturellement quand on parle de paix, il y a cette dimension psychologique qui est fondamentale.
Et puis il y a encore un niveau de paix qui est encore plus difficile à obtenir, qui est vraiment un défi, un défi qui a pris toute ma vie, chaque seconde de ma vie : c’est essayer de trouver la paix en soi.».
Pourquoi questionne alors Sahba Rahmani a-t’ont oublié la sensibilité à travers l’intelligence du corps et en quoi peut-elle nous aider à retrouver une harmonie qui est aussi un chemin vers l’apaisement corporel, spirituel ? Danis Bois lui fait cette réponse :
« La moindre particule du vivant a la capacité de sentir (exemple l’amibe). Avant qu’il y ait la pensée, avant qu’il y ait la conscience, avant qu’il y ait l’intelligence, les organismes sentent pour maintenir leur survie. Ils sentent, ils réagissent, toujours pour préserver la vie.
Le sentir précède donc la conscience. Et la caractéristique première du vivant à l’intérieur de l’homme c’est la capacité à s’éprouver soi-même. Ce que le robot ne fera jamais ! Le robot va dépasser les capacités de l’être humain…, il va pouvoir réaliser des opérations supérieures à celles de l’être humain, mais jamais le robot n’aura la capacité de s’éprouver lui-même. Donc la première caractéristique du vivant, c’est la capacité de s’éprouver soi-même au niveau de l’être humain »;
On parle beaucoup de nature, mais je trouve qu’on porte peu d’attention à la nature humaine, pas suffisamment d’attention. Le vivant qui existe dans l’être humain est rigoureusement le même que le vivant dans la nature, que le vivant dans les animaux. Le vivant a la capacité formidable de préserver la vie, de s’adapter, de se réguler. Le vivant passe son temps à nous maintenir en vie ».
La pleine présence, telle que développée par Danis Bois peut transformer profondément notre perception et notre expérience de la paix intérieure à condition de respecter trois critères :
- Cultiver la chaleur humaine source de bien-être, de paix et d’ouverture relationnelle: « A l’heure où on s’intéresse tant au réchauffement climatique, pendant ce temps-là on ignore qu’il y a un refroidissement de la chaleur humaine chez les hommes ! or la chaleur humaine, quand une personne est heureuse, bienveillante, chaleureuse et bien elle ressent un bien-être et de la chaleur dans son corps. Et la chaleur humaine est communicative.
- Accéder à la dimension sensible de l’êtrequi transforme notre rapport à nous-même et au monde, nourrissant un sentiment de paix et de plénitude : « Parce que le monde est mécanique, parce que les rapports sont mécaniques, parce que la chaleur humaine n’est plus là, sournoisement on finit par s’insensibiliser ». Pour se protéger, on met de la distance et il est important de retrouver le Sensible car à chaque fois que l’on se re-sensibilise, on redevient conscient.
- Retrouver la capacité de s’émerveiller : « l’homme a cessé de s’émerveiller d’être vivant, et ça c’est un fléau »… « Tous les jours s’émerveiller d’être vivant… On a la chance invraisemblable d’être là, d’être vivant. On devrait tous les jours remercier le fait d’être vivant. Et bien là aussi l’homme a perdu cela…
Et Danis Bois conclut « Je pense que ces 3 choses, l’absence ou la diminution de la chaleur humaine, l’insensibilité qui s’est installée sournoisement, et la perte de l’émerveillement d’être vivant participent à ne pas créer un climat de paix à l’intérieur de soi. »
A l’instar de Rousseau Danis Bois considère que l’homme est bon. Et « C’est cette bonté là qu’il faut aller retrouver dans le corps. L’homme a la capacité, enfin le vivant dans l’homme a la capacité de préserver notre vie » Autrefois thérapeute manuel et fondateur de la fasciathérapie dans les années 80 Danis Bois partage son expérience du vivant perçu à travers le toucher : « Je contactais ce principe du vivant sous mes mains, et ça peut paraître une métaphore pour vous, ce que je percevais c’était un mouvement à l’intérieur du corps. Ce mouvement je l’ai appelé le « mouvement interne ». De mon point de vue, ce mouvement interne est une manifestation du vivant. Je dirais même que c’est une forme de puissance d’agir du vivant. » Si me mouvement interne n’a pas été mis en évidence scéniquement, nombreux travaux scientifiques s’appuyant sur les témoignages des patients montrent comment ce mouvement interne les met en relation avec le vivant à l’intérieur d’eux.
Comment maintenir la paix intérieure quand les personnes vivent dans le chaos ? Questionne un spectateur. Danis Bois répond : « La paix peut être un état, mais il faut le maintenir et donc cela demande de la discipline. Mais quand on est dans un état de paix à l’intérieur de soi, on prend du recul par rapport aux choses, et on a une vue panoramique des choses, et probablement que lorsque l’on est en situation de guerre ou de danger, la paix est en danger, mais il est possible de rester dans ce lieu de paix, de façon à avoir un discernement plus grand que dans un état d’anxiété et de stress. Il faut essayer de préserver l’état de paix autant que faire se peut. Et évidemment il y a des moments où ce n’est pas possible, et il faut à nouveau retravailler, pour parvenir à cet état de paix ».
Le 25 octobre 2024
Article rédigé par :
Marie BARGUIL Somato-psychopédagogue à Marcigny en Saône et Loire – Secrétaire de la FEPAPP
Hélène Bourhis-Bois, psychopédagogue, Directrice adjointe du CERAP.